BANDJOUN/ MEETING DU RDPC : LES VALEURS TRADITIONNELLES SACRIFIEES SUR L’AUTEL DE LA POLITIQUE.

Le président du sénat, Marcel NIAT NJIFENDJI et Jean NKUETE peuvent ils donner le dos à leurs propres monarques ?

       Le meeting de remerciement et de soutien à la candidature du président national du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais(RDPC), S E Paul Biya le 21 Juillet 2018 à la place des fêtes de la chefferie de Bandjoun, au-delà de sa solennité politique orchestrée avec maestria par le comité d’organisation, aura laissé quelques goûts très amers.

Non pas qu’on aura observé un peuple déterminé en fin, de faire valoir sa capacité de discernement pour ce qui est de l’amalgame entre politique et tradition, non pas que les notables « bruleurs de pluie » de cette cour royale n’ont pas pu repousser l’averse qui a quelque peu perturber la fête, non pas qu’on aura entendu des discours politiques de nature à entamer la cohésion entre les fils et filles du département du Koung Khi, mais par ce qu’on aura vu un pouvoir traditionnel descendre plus bas que sa position d’auxiliaire d’administration.

En un mot, sa vassalité aux cadres du parti. Cette cérémonie avait été initialement programmée pour célébrer Sa Majesté Dr Honoré Djomo Kamga, chef supérieur Bandjoun reconduit à la chambre haute du parlement suite à un décret présidentiel du 12 Avril 2018 nommant 30 sénateurs devant s’ajouter aux 70 élus pour en faire 100 dont ladite chambre avait besoin « Nous sommes venus célébrer notre roi qui par un acte constitutionnel dévolu au chef de l’Etat, a été nommé sénateur. Il est certes militant du RDPC, mais il n’a pas été nommé par le président national du RDPC. Nous ne sommes pas venus célébrer le RDPC mais notre tradition à travers le garant ». A tenu à préciser un todjom (un bandjoun) résidant à Yaoundé, pour justifier cette affluence subite observée au cours de la séquence de clôture réservée aux danses patrimoniales, genre royal.

L’acte le plus captivant et qui aura suscité l’ire de tout épris du respect de l’orthodoxie des valeurs traditionnelles Bantou, c’est la position réservée à leurs majestés dans la loge principale.

Les chefs traditionnels avaient été installés sur la ranger suivant celle qu’occupaient Madame le préfet du Koung Khi, ministre Dr Madeleine TCHUENTE, Nzete Emmanuel (délégué du gouvernement au près de la communauté urbaine de Bafoussam), Marcel Niat Njifendji, président du sénat, Madame Maxime Niat épouse de l’autre, le ministre Nganou Djoumesssi Emmanuel et le gouverneur de la région de l’Ouest. « Quel sacrilège ! Mêmes les femmes sont assises devant les rois, on aura tout vu à Bandjoun ».S’exclama un notable visiblement désarmé face à l’agissement du protocole. « NIAT NJIFENJI, Nzete et Jean NKUETE quel que soit leur rang social, peuvent ils donner leurs dos aux rois de leurs villages ? ». S’interroge son interlocuteur. Pire encore, le sénateur célébré à l’occasion n’était pas visible, alors qu’il avait droit à une place de choix tout comme cet adolescent le jour de son baptême.

     Dans cette position d’inféodée qui n’honore pas la chefferie traditionnelle, on pouvait apercevoir leurs majestés le roi Bell venu de Douala, SM Tela Negou de Baleng et Dr Djomo kamga Honoré de Bandjoun. Apparemment plus prudent et avisé que ses confrères suscités, le chef Baham S M Pokam Max II, va opter pour une position à l’extrême gauche, laissant un espace vide derrière le gouverneur comme pour dire « Me Haa nteug » c'est-à-dire « je refuse la soumission ou vassalité  » en langue medumba du Ndé.

 

LA POLITIQUE COMME LA DROGUE

        Comment le président du sénat originaire de Bangangté bien que en froid avec son roi, comment le secrétaire général du comité central du RDPC, Jean Kuete lui-même notable dans son Balessing natal, ainsi que madame Madeleine Chuente, reine mère à Banyangam ont-ils pu accepter cette position inhabituelle sachant qu’à l’Ouest, il est strictement interdit de donner le dos au roi. Pourquoi l’organisation n’a pas pensé aménager une loge pour les rois comme cela fût cas à Baham il y a exactement une semaine à l’occasion d’une cérémonie similaire. Ni ces personnalités politiques, ni les chefs eux-mêmes n’ont pu constater ce crime de lèse-majesté, tellement ils sont drogués par les avantages que leur procure la politique politicienne.

Dans son discours de circonstance, l’honorable Albert Kouinche a fort opportunément rappelé qu’à Bandjoun, la soumission à l’autorité coloniale est un leg du feu S M Kamga à ses descendants «  si je vous adresse une convocation et l’autorité administrative vous adresse la sienne, répondez d’abord à celle du représentant de l’Etat ». Il n’avait pas tout faux, mais à ravaler le chef Bandjoun et son « père » le chef Baleng au rang de serviteurs des cadres d’un parti politique, de surcroit sous le baobab de la grande cour royale et à la façade de la forêt sacrée, le rubicond a été frôlé le 21 Juillet 2018 à Bandjoun.

Si nous étions à l’ère des batailles expansionnistes, le roi Bandjoun aurait à cet effet perdu sa peau de panthère au profit de Batié, Banyangam, Bangangté et Balessing à travers respectivement Emmanuel NZETE, Madeleine TCHUENTE ,Marcel NIAT NJIFENDJI et Jean NKUETE, synonyme du partage de territoire Bandjoun entre ces quatre contrées.

Voilà le sens du courroux des «  todjom » amplement exprimé sur les réseaux sociaux. Quelques érudits ont d’ailleurs établi un lien entre ce «  sacrilège » et l’impuissance des notables «  bruleurs de pluie » face à l’averse qui aura réussi à imposer sa cadence à ce meeting. « Par cet acte, le maître des lieux (chef Bandjoun) n’était plus en conformité avec les esprits protecteurs du royaume. Ces notables n’y pouvaient rien ». Confie l’un d’eux.

©Ouestmediainfo.cm : Alexis Yangoua